Par René Blanchet
Pendant une période de sa vie, Khalil Gibran (1883-1931) a peint des centaures. En effet, ce poète, mondialement connu pour Le prophète (1923), était également peintre. Cèdres Formation avait consacré un cours à cet écrivain d’origine libanaise, dont l’œuvre écrite en arabe, puis en anglais, consiste essentiellement en collections de paraboles et de contes, fortement imprégnés de spiritualité chrétienne. Dans son appartement de New York, Khalil Gibran brûlait la chandelle par les deux bouts, peignant pendant le jour et écrivant pendant la nuit.
Il était donc fasciné par ces êtres fabuleux de la mythologie grecque, au torse humain et au corps de cheval : d’une part, parce qu’ils nous rappellent tout ce qui nous lie à l’animal et sa sauvagerie, d’autre part, parce que le centaure symbolisait pour lui le développement de l’homme et son dépassement vers le divin.
Du divin en l’homme ? A l’heure des tromperies financières, des voitures piégées, des coups de couteau, du vandalisme et autres massacres, on peut en douter. Qui contestera, cependant, à l’encontre de ces dérives, les forces de générosité, les engagements constructifs, désintéressés, qui démontrent la capacité de l’homme de se dépasser en faveur des autres, notamment de ceux qui ont besoin d’aide ? Comme si une force irrépressible l’élevait au-dessus de lui-même et le forçait à regarder au-delà de soi, déliait sa pensée et son cœur pour la rencontre du dehors. Les chrétiens reconnaissent là la puissance fondamentale de l’Amour.
Du divin pour l’homme ? Une autre perspective pour son regard que la mort qui l’attend ? C’est le sens du message pascal qui affirme l’accomplissement de la vie qui a déjà commencé, la vie divine, et la rencontre dans l’amour de Celui qui est notre origine et notre fin.
La figure du centaure a du bon, avec son mixte d’humain et de divin ; elle vaut bien, en tout cas, celle du dinosaure, dont les répliques en plastic verdâtre encombrent les chambres des enfants.
Pour poursuivre, l’article paru dans la Revue des Cèdres: Khalil Gibran et la prière (pdf).
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