Point de vue ou point de vie?

Par Florence Hostettler.

Paysage étonnant en plein été! Pourtant, c’est bien ce point de vue-là que j’aime et qui me permet, à toutes saisons, de me ressourcer, de trouver le calme intérieur et peut-être aussi de me rafraîchir les idées.

Il y a quelques jour, j’ai reçu un message d’un ami qui m’envoyait une photo d’un beau paysage, m’écrivant ceci: «Je t’offre un joli point de vie…oups pardon….un joli point de vue!» Je ne sais pas si son erreur était volontaire au départ, mais j’ai trouvé le jeu de mot très beau et très parlant. Je me suis dit qu’au fond, je ne fais pas autre chose lorsque je prends de la hauteur pour avoir un beau point de vue: bien souvent, par la même occasion, je fais mon point de vie. Et vice versa.

Il y a deux ans, lorsque j’ai choisi de commencer des études de théologie à l’université, j’ai dû regarder plus loin que le bout de mon nez et accepter que ma vie soit chamboulée, comme un paysage d’hiver peut venir chambouler le plein été! Il a fallu laisser se déployer devant moi et en moi cet horizon qui n’était qu’un rêve inaccessible au départ. Le séminaire de culture théologique des Cèdres a été un sacré tremplin! Il m’a offert un beau point de vue, il m’a permis de prendre cette hauteur qu’il me fallait pour oser le pas et avoir un autre point de vie!

Il y a des jours où mes études de théologie me paraissent comme une immense montagne à gravir. Même si j’aime la montagne, il serait alors illusoire de vouloir compter sur mes propres forces. C’est bien là qu’il s’agit de prendre de la hauteur, avec douceur et humilité. Poursuivre le chemin avec courage et avec confiance, sachant que les forces seront là, un jour après l’autre. Au risque de vaciller un peu, je finis toujours par trouver un beau point de vue, d’où je réalise combien ce que je vis est à la fois intense, bouleversant et riche! L’horizon est alors teinté d’espérance et de reconnaissance.

Si les montagnes ne se déplacent pas, il n’y a pourtant pas deux fois où je vois ce paysage avec le même regard. Si le point de vue est toujours le même, mon point de vie, lui, évolue d’un jour à l’autre! D’un point de vie à l’autre, j’apprends que chaque détail est important et mérite que j’en prenne soin. Il n’y a pas de parenthèse qui ne vaut la peine d’être vécue. Chaque jour est à réinventer et chaque rêve est une promesse. Croire en cette promesse, c’est me laisser toucher par l’amour de Dieu, simplement, et ne pas y renoncer. Dieu sait s’interposer sans s’imposer. Il ouvre une brèche, même quand la vue semble bouchée. La vie trouve ainsi un chemin, et souvent son plus beau chemin.

Entre ce point de vue et mon point de vie, il n’y a finalement qu’un iota de différence…et peu importe la saison! Renverser l’ordre des choses permet parfois de réenchanter sa vie!

«La plus grande douceur de la vie, c’est d’admirer ce qu’on aime.»
Laure Conan, À l’œuvre et à l’épreuve