«On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres», affirme le pape François, réagissant aux attentats de Paris.
La liberté d’expression a des limites. Le domaine de la foi relève du sacré. Affirmer «Je suis Charlie», c’est-à-dire s’inscrire dans la mouvance de la revendication du droit absolu de se moquer de l’espace sacré, de quelque religion qu’il s’agisse, relève du registre de la transgression.
La liberté d’action n’implique pas la profanation des cimetières et l’atteinte à la paix des morts, comme la liberté sexuelle n’inclut pas le droit aux pratiques pédophiles ou à la nécrophilie, comme le droit à la propriété n’autorise pas l’appropriation frauduleuse.
A propos de la liberté d’expression, le pape ajoute dans une conférence de presse :
«Il faut avoir cette liberté, mais sans offenser. Car il est vrai qu’il ne faut pas réagir violemment, mais si M. Gasbarri [responsable des voyages du Pape, à côté du Pape pendant l’interview], qui est un grand ami, dit un gros mot sur ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing! C’est normal… On ne peut pas provoquer, on ne peut pas insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi!»
Un peu plus de la moitié de la population française selon un récent sondage ne partage cependant pas cette position, se rangeant derrière la déclaration à Montreuil (Seine-Saint-Denis) de la ministre de la justice, Christiane Taubira : « On peut tout dessiner, y compris un prophète parce qu’en France, pays de Voltaire et de l’irrévérence, on a le droit de se moquer de toutes les religions ».
Le respect de la foi d’autrui comme de la sienne propre présuppose évidemment que le sacré est une composante réelle et objective de la vie humaine.
Jacques Herman