Cette parole d’Henry David Thoreau ne cesse de m’interpeler depuis que je l’ai lue sur un tourniquet en plein Lyon, s’arrêtant sous mes yeux comme je l’ai arrêtée nette, alors qu’elle valsait sous les doigts des quelques passants. Une carte de couleur jaune, jaune comme l’éclat du soleil, écrite en blanc, blanc comme un rayon déposant sa trace de lumière. Une carte jaune parmi d’autres couleurs, d’autres paroles sages semées en plein Lyon, un jour de vacances, jetées en pâture aux yeux hasardeux des promeneurs. Des chercheurs, peut-être, qui ne savent ce qu’ils cherchent ?…
Une réponse? Un sens? Une étincelle? Un remède à l’amour?
«Il n’y a qu’un remède à l’amour: aimer davantage»
Bien sûr, quelle évidence !
Aimer, on n’a jamais fini d’en faire le tour…
Déposée sur un tourniquet la parole semble s’échapper et puis revient : « Aime davantage ! »
Une injonction reçue en plein visage, au cœur de Lyon, un jour après Pâques. Un jour… un jour se croire arrivé, puis non, l’horizon reste horizon, éloignant sa présence à chaque nouveau pas posé qui pourtant tend à s’en rapprocher. Et quand bien même me voilà arrêtée au bord du chemin, l’horizon attend. Il attend patiemment que je reprenne la route.
Marcher, marcher, ne cesser d’avancer…
« Aimer davantage »…
Un jour le chemin s’enfuira dans l’Infini, l’horizon même ne sera plus…
Et découvrir?…
Aime davantage!
— Michèlle Chaubert