Par René Blanchet.

Les journalistes « scientifiques » ne cessent d’en rajouter : chaque découverte d’une nouvelle exoplanète ou de tel élément géologique sur Mars est automatiquement saluée comme l’étape imminente qui va conduire vers la révélation de l’existence d’une forme de vie extraterrestre. Que les savants se réjouissent de vérifier l’hypothèse d’une universalité de la vie dans l’univers, on le comprend très bien. Qu’ils espèrent pouvoir mieux comprendre le mécanisme des débuts de la vie à partir d’éventuelles autres formes physiques de cette vie, d’accord. Mais l’enthousiasme des journalistes me semble plutôt relayer le désir du public, qui cache des raisons moins désintéressées.

Ce public désire absolument que les mondes qui nous entourent soient peuplés. Il n’en peut plus d’attendre une rencontre avec des êtres exotiques, quels qu’ils soient. Il veut donc que le mythe des E.T. ou les guerres cosmiques à coup de rayons U correspondent à quelque chose de réel. Il aurait enfin un autre pour lui faire face, un vis-à-vis, qui lui donne des réponses à ses questions. Car – il le réalise clairement – si tout cela ne s’accomplissait pas, il lui faudrait supporter une situation effrayante : se retrouver seuls, minuscules, abandonnés, dans un cosmos démesuré. Pascal, au 17ème siècle, avait déjà éprouvé cette terreur, mais il ne pouvait encore appréhender les dimensions extravagantes que nous connaissons, il n’imaginait pas encore les milliards d’amas de milliards de galaxies de milliards d’étoiles et de planètes. La saga astronomique et astronautique vient à point combler le sentiment insupportable que notre existence est une énigme côtoyant l’absurde ; elle distribue des parcelles de connaissance qui nous évitent de devoir reprendre sérieusement la question métaphysique, ce travail de Sisyphe trop obsédant. Mais cette saga ne nous empêche pas de ressentir, à tout moment, la fragilité de notre existence et de son cocon d’air.

Contrairement à ce que pensent les non-scientifiques, il est probable qu’il sera très difficile, voire impossible de prouver indiscutablement la présence de vie sur d’autres planètes. La présence d’éléments chimiques indispensables à la vie ne prouve pas encore la vie, qui continue de se dérober. En fait, nous possédons déjà sur notre terre, tout ce qui est nécessaire pour sonder la vie : une variété extraordinaire de formes, qu’il nous est possible d’étudier dans leur développement historique. Si l’origine nous échappe ici-bas, elle nous échappera aussi là-haut ! Trouver un double de la terre orbitant dans l’espace nous apportera certes beaucoup de connaissances, mais le vœu secret du public risque fort d’être déçu : il continuera d’éprouver sa solitude cosmique pendant longtemps.

Il est incontestable que la foi en Dieu, que nous relions au tout, et qui est notre Tout, en même temps qu’il nous rencontre à chaque instant dans notre existence terrestre, représente un grand réconfort dans notre solitude. Il se peut bien que cette Présence, contestée, mais toujours offerte, soit ce que l’homme ne cesse de rechercher, en tous lieux.